Le nom des rues saint-jeoiriennes peut parfois refléter une particularité géographique ou un fait historique plus ou moins lointain.
Ainsi, deux rues de la commune nous rappellent le passé des seigneurs de Saint Jeoire. Cette famille noble est renommée et influente dès le XIIè siècle. Leur blason est celui de la ville aujourd’hui. Il représente la croix Saint André et une couronne de château.
Un acte du 5 février 1269 nous apprend que Saint Jeoire est le siège d’une “mitralie”. Le rôle d’un “mitral” ou “métral” est de faire rentrer les impôts et de veiller au maintien de l’ordre. Cette fonction est exercée par le seigneur Rodolphe de Saint Jeoire. A cette époque le bourg est encerclé de plusieurs châteaux : le château de Saint Jeoire, de Beauregard, du Turchon, de la Tour de Fer, le “château vieux”, et les maisons fortes de la Ravoire, de Cormand, de Chounaz et de Copponaz. (localisation sur la Mappe Sarde, 1738).
Ces seigneurs sont très engagés sur le plan politique. Ils sont au service des sires du Faucigny ; chevaliers ils accompagnent leur suzerain dans toutes ses expéditions.
La famille de Saint Jeoire possède le château du même nom dans la rue François Melchior. Il n’en reste que les fondations. Sur la place de la Colombière, une maison domine le bourg, elle est bâtie sur ces fondations.
François Melchior est le dernier des seigneurs de Saint Jeoire.
Militaire, baron de Saint Jeoire et d’Hermance, il est l’ami et le confident de Saint François de Sales. En 1570 il est nommé gouverneur du fort d’Allinges.
En 1589, il réussit à tenir tête aux Bernois et aux Genevois dans sa forteresse, alors que toutes les autres places du Faucigny et du Bas Chablais sont détruites.
Il meurt en 1596. Après sa mort les terres des seigneurs de Saint Jeoire vont passer entre plusieurs familles bourgeoises, héritières des richesses de la seigneurie.
Le château sera détruit et les pierres serviront à faire une maison bourgeoise qui est aujourd’hui la mairie.
Une autre rue nous informe d’un autre seigneur de Saint Jeoire la rue Allamand de Saint Jeoire.
Alamand de Saint Jeoire est particulièrement important car il est nommé prince évêque de Genève de 1342 à 1366.
Il décrète les nouvelles constitutions synodales en 1343 et 1352. Il devient le conseiller d’Humbert II, dernier Dauphin de Vienne. Il joue un rôle important dans le transfert du Dauphiné à la France en 1349 où le Faucigny devient une terre française pendant 6 ans. Puis en 1355, avec le Traité de Paris le Faucigny revient dans la Maison de Savoie.